Super Vagabond

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Aventure Montagnarde

Ces derniers jours j’ai vécu pas mal d’aventures assez éprouvantes, le genre où il n’y a pas beaucoup de photo parce qu’on pense d’abord à survivre avant de prendre une photo…

Donc aux dernières news je suis parti de Kon Tum avec ma moto (Hautes Terres Centrales du Vietnam) à la recherche du Mont Ngoc Linh (~2600m) qui est le second mont le plus haut après Fansipan (3142m), et au sommet duquel pousse la variété rarissime de Ginseng Ngoc Linh. Une sorte de quête du graal perdu quoi !

Je me suis enfoncé loin dans les montagnes à moto, hors de tout sentier tracé sur ma carte, dans la province de Tu Mo Rong. Après quelques 5 heures de parcours en chemin accidenté j’arrive à la fin de tout chemin dans une vallée qui est apparemment au pied du fameux mont et peuplée par des minorités ethniques.

La vallée en question

Après avoir visité ces villages loins de tout sous le regard incrédule des habitants j’ai trouvé l’école à la tombée de la nuit heureusement il y avait une prof d’anglais avec qui j’ai pu communiquer (meme si elle parlait anglais comme mes pieds :p). Elle m’a proposé de m’héberger et m’a fait visiter les “baraques” où les profs vivent ensemble jusqu’à ce que l’officier de police local se pointe et s’engueule avec la prof.

Je me suis réveillé avec une vue à couper le souffle

Apparemment il pensait que j’étais une mauvaise personne qui fuis quelque chose car sur mon passeport il y a écrit que je suis allé en Thaïlande et au Cambodge récemment… En plus il me révèle que je suis le premier étranger à venir ici ! Le fait que mon nom soit d’origine vietnamienne m’a pas mal aidé à éviter je ne sais quelles emmerdes :)

J’ai donc passé une nuit dans le village et participé à la veillée de nuit : on fait un feu de bois, on amene un coq que les femmes préparent et on se le grille au barbeuk’ en buvant des shots d’alcool de riz !

Dans la cabane en train de cuire le coq !

Puis j’ai dormi dans la chambre des hommes après avoir pris une douche d’eau glacée – faut dire que j’étais plein de boue après m’être ramassé quelques fois dans des passages de gadoue bien profonde avec mes pneus route (sans grosse égratinure toutefois).

Il y avait des paysages sublimes dans ces montagnes

Je suis réveillé par le froid et un léger mal de ventre : j’ai pas chié depuis 3 jours car à Kon Tum j’ai mangé une spécialité locale qui consiste à rouler plein de morceaux de feuilles d’arbres differentes fraichement collectées dans la forêt pour faire une sorte de rouleau de printemps avec à l’intérieur une crevette, du gras de porc et un morceaux de porc, le tout surmonté d’une sorte de pate de je ne sais pas quoi. Un truc bien lourd qui donne un peu la gerbe mais bon c’était une expérience unique :)

Le fameux Goi La - un plat peu connu des touristes lambda et pour cause !

Je décide de renoncer à essayer de gravir ce mont étant donné que je ne me sens pas super bien et qu’à mon avis ce n’est pas par là que se fait l’ascension… il y a normalement une plantation de ginseng en haut donc forcément un accès plus ou moins tracé. Ici il n’y a rien, j’ai bien cherché. En plus de ça le policier me l’a “interdit”… si ça tenait qu’à ça j’aurais tenté !

Je profite du voyage retour des professeurs vers Dak To (50km au nord de Kon Tum) pour le weekend et je les accompagne puis je file direct vers le nord par le route Ho Chi Minh qui passe entre les montagnes, et je ne le savais pas mais je vais en chier dans ces montagnes…

Quand je pars de Dak To il est genre 14h, j’ai déja fait pas mal de route et je ne suis pas au top mais bon “tout ira bien” ^^

Le début de la brume...

Arrivé dans les montagnes une brume épaisse m’empêche peu à peu de voir à 20 mètres et il pleut des cordes, mais il n’y a strictement rien à part la route donc je suis forcé de continuer. À la tombée de la nuit j’ai croisé des voyageurs qui étaient en panne d’essence avec leur scooter, le cauchemar dans ce brouillard et le froid qui s’installe ! J’ai fait demi-tour pour trouver un “épicier” qui vend de l’essence (une maison en bois avec des produits genre des chips accrochés à une grille devant laquelle il faut claxonner deux trois fois pour voir arriver quelqu’un) ; et j’ai pu leur dépanner un petit bidon.

J’ai croisé quelques cabanes de paysans et je me suis demandé comment ils font pour vivre dans de pareilles conditions, c’est vraiment un environnement dur. Il pleut tout le temps car les nuages sont emprisonnés par les montagnes, pareil pour le brouillard, il fait froid et il n’y a pratiquement personne… J’aurais aimé rencontrer ces gens et partager un peu leur vie l’espace de quelques heures mais mes quelques tentatives de communication ont échouées.

Après ça a été mon tour d’être en galère… Déja que le brouillard épais et la pluie c’était dur, ajouter la nuit noire et mon phare de moto complètement naze (mon portable éclaire mieux !) c’est du suicide de continuer. Surtout qu’il y a parfois des nid de poule profonds remplis d’eau sur la route qui au mieux vous éclaboussent comme un sceau d’eau sur la tronche et au pire… t’es mort :)

Forcé de m’arrêter et en plus pas mal fatigué de toute une journée de moto, j’ai fais pas mal de chemin avant de trouver un abri “convenable” : une petite maison en pierre abandonnée sur le bord de la route, avec un toit partiellement intact.

Parfait, ça fera une bonne histoire à raconter si je ne me réveille pas nu, sans plus aucune possession et un rein en moins… Le temps de chasser cette pensée j’installe mon hamac entre deux barres de fer qui dépassent du mur, je sort mon sac de couchage et je place mon sac sous le hamac.

Passeport, médicaments et appareil photo sous le sac de couchage j’entame une nuit qui va être difficile.

21h – Une envie de chier imminente me sors de mon demi-sommeil, je me précipite hors de mon sac de couchage et sors dehors bouteille d’eau à la main. Je décide que les toilettes de ma nouvelle maison sont dehors dans le canniveau alors je m’accroupis et je vous passe les détails, mais c’était bien hardcore liquide. Une fois torché avec la main gauche et de l’eau je retourne “au lit”.

2h – Rebelotte, mais en plus liquide…

4h30 – Une troisième fois, je commence à avoir hate de voir le jour pour me tirer d’ici. J’ai du mal à dormir à cause du froid et de l’humidité.

6h – Enfin il fait jour, je m’ébroue, range mes affaires et sors ma moto de “mon jardin”. J’ai les jambes lourdes, ça s’annonce une journée difficile…

Je fais un bon 200 kilomètres avant d’arriver à Danang où je décide finalement de pousser jusqu’à Hue et de me poser quelques jours pour récupérer. En arrivant à l’hotel j’ai les jambes tellement lourdes que c’est dur de monter l’escalier du 1er etage, et toujours une bonne chiasse…

…Mais pour vous dire la vérité : c’était trop cool. J’ai beaucoup apprécié cette solitude et la liberté de choisir ma destination, dépasser une fois de plus mes limites et puis j’ai une super histoire à raconter !

J’espère que vous avez apprécié :)

Au fait pour le Mont Ngoc Linh, j’ai vu l’intersection pour y accéder lorsque j’étais sur la route Ho Chi Minh (de l’autre coté de la vallée dont je parle au début de l’article) et je lui ai dit intérieurement que je reviendrais finir ma quête, un autre jour…

Vivez à fond, Chaque jour est une Aventure – Yeah baby !
Valentin